Acteur principal, monteur, réalisateur, scénariste, metteur en scène… The Room est un film de 2003 résultant des délusions d’un seul homme : Tommy Wiseau, un inconnu inimportant sorti de diverses écoles d’acting, et qui, selon de récentes informations, serait polonais de naissance et américain de passeport et de cœur.
Ce Tommy Wiseau, être étrange, hybride de chanteur de groupe métal norvégien et de sbire de mafioso sur le crack, s’est efforcé de trouver du financement pour mettre sur pied son film tiré de son script tiré de sa vie. SELON SES DIRES il aurait ammassé l’argent en vendant des coats de cuirs Coréens. (SNIFF) De toute façon, Wiseau s’est retrouvé avec l’argent nécessaire pour réaliser son projet de premier long métrage : soit un humble 7 millions de dollars. Peut-être plus que jamais, le budget sera la source des questions qui flotteront dans votre tête tout le long du chef d’œuvre. Mesdames et messieurs, vous allez assister à la disparition de 7 millions de $. En début de réponse : la légende veut que plus de 400 personnes aient contribuées au long métrage. De quelle manière un tel film peut-il nécessiter l’apport de 400 personnes? Très peu de réponses officielles ont transpirées du tournage et du film qui en a été tiré; les acteurs, excepté Sestero, tentent pas mal tous d’oublier, et surtout, faire oublier leur participation à ce film. Par contre, ce que l’on sait pour sûr, c’est que The Room, de Tommy Wiseau, est considéré par plusieurs comme le meilleur pire film de l’histoire, le Citizen Kane des Ed Woods. Nous, comme on est toujours dichotomiques et très rarement dépassés par l’émotion, on s’est arrêtés à -8,1; surtout pour le punch incroyable de la séquence finale, de l’inusité imprévu insultant et impertinent qui mérite un -2 d’un coup. D’ailleurs, pour ceux qui se demandent pourquoi y’a des cuillères à lancer, c’est que le responsable des props a acheté des cadres. Dans les cadres, comme pour nous ici au Dollarama, y’avait des photos de n’importe quoi et n’importe qui. Et plutôt que de faire la job comme du monde, c’est-à-dire remplacer la cuillère par un personnage du film, la personne responsable a laissé la photo de cuillère dans le cadre et…voila! Et ce simple choix résume assez bien le tout. Tsé, un film c’est une somme de choix et un consensus entre plein d’idées. The Room, c’est comme si une personne avait despotement forcé tous les participants à faire le mauvais choix à chaque fois. Sinon, en gros, The Room est l’histoire d’un triangle amoureux mettant Johnny, Steven et Lisa au centre de l’action. D’ailleurs, dans la première demi-heure, vous allez pouvoir savourer une nouvelle définition du mot "passion". On va vous gaver de séquences de ralentis assaisonnées de saxophone langoureux et de tripotage aride. Merveilleux… Puis, c’est le choc de constater que le ciel de San Francisco est un Green Screen glorieux. Prenez le temps de remarquer les objets en background qui bougent d’un plan à l’autre, ajoutant au malaise laissé par cette inutile utilisation des merveilles de la technique moderne. Ensuite, la diégèse vous saucera légèrement dans les univers respectifs des personnages du film; ils sont nombreux, inutiles et vous exposeront tous un problème sans réelle conséquence. Problèmes qui disparaitront aussitôt qu’ils seront mentionnés; au pinacle on retrouve la célèbre ligne : "I definetely have breast cancer" lancée par la mère de Lisa, consécration de cette volonté à remplir de vide un film dépourvu de substance. Ensuite ce sera le mariage et sa préparation, surtout ponctué de discussions oh combien vacuites entre Johnny/Wiseau et quelques-uns des acteurs agars jouant ses amis sans profondeur ou background. C’est durant cette période du film que le gars qui joue le psychiatre a décidé de débarquer du projet, forçant Tommy Wiseau à créer pour la finale un personnage avec un autre nom, mais les mêmes fonctions. C’est assez particulier comme idée et comme feeling. C’est aussi là que vous allez rencontrer mon innovation favorite tirée du film: le WiseauBall. Le Wiseauball se joue en un seul cadre de caméra, aucune limite de joueurs, pourvu qu’ils entrent tous dans le cadrage. Les joueurs seront idéalement habillés confortables, voir chic. Quant aux règles du jeu lui-même elles sont assez floues…on décèle une volonté de garder le ballon en l’air le plus souvent-longtemps possible, mais le processus de marquage de points est encore incompréhensible pour les non-initiés. Ce qui veut dire l’humanité moins Tommy Wiseau. On sait que le WiseauBall est un jeu inclusif, une activité qui permet à tout le monde qui y participe de finir perdant? Qui peut dire… Et le film se termine ensuite sur l’escalade finale lors du party du mariage avec tous les amis présents…vraiment, j’en ai parlé déjà, mais une séquence à -2 d’un coup il n’y en pas beaucoup dans le monde. Des 7 millions de $ qui vont disparaitre sous vos yeux, il faut noter la publicité en panneau gigantesque qui a trôné sur le bord d’un autoroute très achalandé de L.A. pendant 5 ans. 5000$ par mois, fois 12 mois par année, fois 5 ans. The Room, c’est un film à dialogue, du douteux psychologique. Pour bien l’apprécier, vous devrez vous concentrer sur les interventions des personnages et les laisser jouer librement dans votre tête. Vous allez voir, y’a rien qui fait du sens. Tom Bissell : "C'est comme un film réalisé par un extraterrestre qui n'a jamais vu un film, mais qui lui a été complètement expliqué. Il n'y a pas souvent qu'un travail de film a toutes les décisions créatives qui y sont prises, moment par moment, qui semblent être les mauvaises. [...] La Chambre, pour moi, brise la distinction entre le bien et le mal. Est-ce que je pense que c'est un bon film? Non. Est-ce que je pense que c'est un film fort qui m'émeut au niveau que l'art m'émeut habituellement? Absolument pas. Mais je ne peux pas dire que c'est mauvais parce que c'est tellement regardable. C'est tellement amusant. Cela m'a apporté tellement de joie. Comment quelque chose de mauvais peut-il faire ces choses pour moi ?"
Moins 8,19
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