Charles McKiernan
Né en 1835 County Cavan, Ireland -
Mort 15 January 1889, Montreal, Canada)
Charles McKiernan s'est vu attribuer le sobriquet Joe Beef durant la guerre de Crimée. En tant que maître de quart, il avait le chic de découvrir de la nourriture de qualité pour son unité, alors que tous croyait qu'ils n'auraient rien à manger. C'est ainsi que, de la chenille Charles McKiernan, est né le fabuleux papillon Joe Beef.
Il est arrivé à Montréal en 1864, en tant que responsable de la cantine des soldats de l'Île Ste-Hélène. Relevé de ses fonctions en 1868, il ouvre la Joe Beef's Tavern, une auberge-taverne-salon social au 201–207 rue de la Commune.
À partir de maintenant, la légende va prendre racine dans vos souvenirs.
Joe Beef avait comme politique de ne refuser le service à quiconque. Il a dit à un reporter, je traduis librement depuis Wikipedia, 'Peu importe qui il est, qu'il soit anglais, français, irlandais, nègre, indien, peu importe la religion à laquelle mon client appartient. (M'a le servir criss!)' Joe Beef était un être humain à l'égal des autres et c'est d'appliquer ce fait qui le rendait plus grand que nature.
Chaque jour, autour de midi, des centaines de débardeurs, de pauvres, de quêteux et de contractuels avec des emplois intermittents, venaient faire la file devant son restaurant pour obtenir les restants de la veille. Sa clientèle était constituée surtout de cols bleus, de travailleurs du canal Lachine, de marins et d'ex-militaires et, comme les autorités de la ville n'avaient pas encore créé les parcs publics, la taverne de Joe Beef tenait le rôle de centre de l'activité sociale pour bon nombre de Montréalais.
Déjà, en 1868, Joe Beef se targuait d'être un athée et imprimait ce qui suit sur tous ses flyers et publicités ''Il se fout du Pape, des prêtres ou du Roi William; tout ce que Joe veut c'est l'argent. Il croit en Dieu durant l'été pour le garder loin du mal; quand il voit apparaître le premier gel et la première neige, ce pauvre Joe place sa foi en le Dollar Tout Puissant et en le bon vieux bois d'érable pour garder son ventre au chaud. Parce que des églises, des chapelles, des prêteurs, des prédicateurs et les autres en ce genre, Montréal en a déjà bien assez.''
Autre fait marquant, c'est que Beef gardait une ménagerie dans sa cour arrière. 4 ours noirs, 10 singes, 3 lynx, un porc-épic et un alligator. Les ours étaient habituellement gardés dans le cellier du bar, et les clients pouvaient les admirer via des trappes laissées dans le plancher de l'établissement. Il arrivait à Joe Beef de sortir un ours du cellier pour impressionner des clients devenant un peu trop bruyant ou violent, ou pour laisser l'ours jouer une partie de pool avec des clients.
Oui, Joe Beef avait des ours capables de jouer au pool. Un de ses ours, Tom, buvait 20 pintes de bière par jour et aimait s'asseoir sur son postérieur en tenant son verre dans ses pattes sans en renverser une seule goutte. Il s'est occupé de sa taverne de 1870 jusqu'à sa mort, en 1889, à cause d'une fuckin' crise cardiaque.
Pour ses funérailles, tous les bureaux et commerces de Griffintown ont été fermés. 50 organisations syndicales sont allés suivre son cercueil dans les rues de Montréal, ce qui donna une procession de plusieurs pâtés de maisons. Le Journal 'La Minerve' écrivit: 'la foule consistait en des membres de l'ordre des Chevaliers du Travail, des travailleurs manuels de toutes les classes. Tous les pris-pour-contre et malchanceux de la société à qui le tavernier philanthrope avait si souvent tendu une main aidante. Tous ces gens étaient désireux de payer un dernier hommage à sa mémoire.'
Criss, la ville s'est arrêtée à sa mort...et pourquoi?
Parce que malgré une éducation formelle, Joe Beef se considérait un intellectuel et était un grand lecteur. Il débattait souvent sur différents sujets et était toujours le champion de la classe travaillante. Il divertissait ses clients avec de la poésie et des histoires drôles mettant en scène les archétypes du temps tel les propriétaires, les patrons, les prêtres. En tant que syndicaliste athée, il participait activement aux efforts syndicaux de ses contemporains. Citons, par exemple, qu'il a fournit aux grévistes du Canal Lachine, en 1877, plus de 3000 miches de pain et 55 gallons de ragout. C'est lui qui a payé, de ses poches, le voyage de la délégation syndicale à Ottawa. Lors de leur départ, il s'est adressé à une foule de 2000 personnes depuis le devant de sa taverne. Son discours, que je n'ai pu retrouver, était des plus flamboyants, rimait à chaque phrase et fût applaudit à en rompre le ciel.
Toujours près à mettre ses gestes où sa grande bouche le menait, il a assisté de nombreux autres conflits syndicaux, notamment celui du 'East-End Hudon Factory' de 1882.
En tant que point central de la vie sociale de Griffintown, la taverne de Joe Beef fournissait gite, repas et emplois temporaires à plusieurs pauvres du quartier.
Même que, à l'époque, si tu étais saoul dans les rues de la ville, les policiers avaient pour mission de vous mettre en prison pour 10 jours, à moins que vous ne leur payez 2,5$. Comme c'était à l'époque du 70 heures par semaine à coup de 10 heures par jour, être pris saoul sans 2,5$, c'était la perte de l'emploi c'est certain. Joe demandait à ses clients de déposer des billets de 1 $ dans une cagnotte qu'il redonnait à ses clients trop saoul pour assurer que tout se termine bien.
Jamais égoïste, flamboyant et prêt à mettre ses gestes où il a mis ses mots. Joe Beef, en plus d'avoir le nom le plus cool au monde, tu es mon nouveau héros.
Tu vas rejoindre Joe Sakic, Hubert Reeves et Vik Muniz dans mon panthéon personnel. Criss, les yeux me perlent quand je me relis...
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