C’est plutôt visuel, coeur sensible s’abstenir.
Je suis nu et assis sur une chaise en métal. La chaise repose sur une petite pyramide de 2 niveaux.
La pièce en entier est toujours d’un matériel très solide, allant du stainless au granit. Hier c’était du stainless; d’une couleur variant entre gris pâle et noir. Hier c’était gris pâle. La pièce est toujours cubique à 3 mètres par arrête. Et elle est toujours à 8 Celcius… Je sais la température exacte, tantôt parce que y’a un thermomètre digital, d’autres fois, comme hier, je le sais parce que c’est mon rêve. L’éclairage est très varié, mais provient souvent du bas. Sauf quand ce sont des torches. Hier c’était des néons dans les étages de la pyramide sur laquelle une chaise en métal supportait mon corps nu à 8 degrés Celcius.
Aucune fenêtre, aucune décoration, que des murs nus et une lourde porte qui varie d’une fois à l’autre. Quelque fois il y a une petite fenêtre dans la porte qui, dans l’angle de la chaise, laisse paraitre un corridor d’un matériel identique à celui de la pièce. Hier la porte ressemblait à une lourde porte de donjon, pas de fenêtre.
Je ne peux bouger. Des attelles gardent mes épaules immobiles, mes chevilles aux pattes de la chaise, mes poignets aux accoudoir, un soluté dans mon bras droit me fournit en de quoi survivre. Ma tête peut toujours bouger. Habituellement je prends les premiers instants dans ce rêve pour faire le point, même si je sais que j’ai pas vraiment de raison de ce faire.
Quand il y a le thermomètre digital, je peux regarder le signal stagner sur le 8. Sinon, comme hier, je suis seul, dans le froid d’une pièce complètement stagnante à l’éclairage diffus.
Dans le silence de ma respiration.
Je ne sais jamais combien de temps passe, mais à part la première fois que j’ai fait le rêve, jadis, je sais toujours ce qui s’en vient. Parce qu’à intervalle que je sais régulier et que j’évaluerais à 12 heures, un homme habillé mi-chirurgien, mi-boucher, au visage changeant, mais toujours aux yeux sombres derrières de petites lunettes, portant le masque et le petit chapeau des chirurgien ainsi que le tablier des boucher, poussant un petit chariot, ouvre la porte en silence.
Quelques fois je crie, d’autre je me débat, insulte, marchandage… J’ai tout essayé au fil des versions au point que cette dernière version je suis resté silencieux.
C’est que cet homme a une mission super simple. Il doit, au moyen d’un scalpel qu’il chauffe à blanc avec une torche au gaz, m’enlever un centimètre cube de masse corporelle.
À chaque fois, il prend le temps de changer le soluté, changer la chaudière à pipi sous ma chaise en prenant des remplacements dans les étages du dessous de son chariot. Puis, silencieusement, allume la torche posée sur l’étage du haut du chariot et y colle le scalpel. Comme quand on fumait des poff aux cout’.
Puis, comme s’il jouait à un Jenga pas mal glauque, il m’enlève soigneusement un petit cube de masse corporelle, sans me tuer. À chaque fois c’est très ‘organique’ comme sensation. Je me souviens quand il m’a coupé un petit orteil, jadis. Je m’étais réveillé sur le coup en éprouvant un pincement à l’orteil en question. C’est la seule fois que je me suis réveillé de ce rêve ainsi, habituellement je ferme les yeux sur la chaise et en sort…
Dans certaines versions, il prend le temps de peser sur une petite balance, la majorité du temps, comme hier, il ne fait que mettre le morceau dans ma bassine de pipi sale.
Aspect bizarre, la quantité de corps qu’il me reste n’est pas chronologique. Parfois, au sein du même rêve, entre deux visites du ‘chirurgien’ y’a des bouts de mon corps qui repoussent, d’autres fois il m’enlève le morceau de foie qui m’achève…
Hier, il a pris un morceau dans mon pénis rendu ratatiné par le froid et la malnutrition. J’ai senti des fourmis dans mon membre en allant pisser à matin…
J’ai souvenir d’avoir déjà vu tout le bas de mon corps enlevé. Quand ça devient difficile bouger la tête ou qu’il y a des endroits que je ne peux voir, le boucher prend le temps de sortir un petit miroir pour me montrer où son travail est rendu. Si je focus, je peux facilement voir la fois qu’il s’est rendu le plus loin. Je n’étais qu’une tête après un ramassis d’organes...De voir ma colonne vertébrale depuis l’avant m’avait donné un sacré choc.
Faque, c’est ça. Une fois de temps en temps, mon cerveau décide par lui-même de retourner passer un moment plutôt désagréable en s’infligeant à lui-même une torture pour laquelle je n’ai pas encore trouvé de manière de la rendre pire.
Je ne suis pas très ‘interprétation des rêves’ et je ne crois pas que mon inconscient tente de me faire comprendre quelque chose, sinon peut-être que y’a une partie de moi qui a plus de contrôle sur moi que je crois, pis je suis bin à l’aise avec ça.
On est bin faite pareil!
Comments